L’intelligence artificielle est devenue en l’espace d’un an LE sujet brûlant d’actualité, souvent entouré de mystère et de fascination.
Entre les visions apocalyptiques des catastrophistes véhiculées par les grands films hollywoodien comme TERMINATOR et les promesses utopiques des optimistes, il est important de démystifier cette technologie en rappelant qu’elle n’est rien de plus qu’un OUTIL.
En effet, beaucoup de gens parlent de l’IA mais peu la comprennent réellement. D’un côté, nous avons ceux qui pensent que l’IA va au mieux voler leur travail et au pire détruire le monde et de l’autre ceux qui pensent que l’IA va nous sauver de tous nos maux.
Ces deux camps ont totalement tort parce que l’IA, en soit, n’est ni bonne ni mauvaise parce qu’elle n’est pas intelligente… en tout cas pas au sens de l’intelligence humaine – la véritable – celle qui est la capacité de créer, de découvrir, d’innover, de rêver, d’imaginer, de créer des liens là où il n’y en avait pas avant… comme le dit si bien le Dr Luc JULIA.
Bref, revenons à la genèse de ce mouvement pour comprendre mon propos.

Depuis son émergence dans les années 1950, l’Intelligence Artificielle a suscité un vif intérêt et a évolué de manière exponentielle sur les dernières années. Au-delà de la technologie « Transformers » qui a permis l’essor fulgurant des modèles de langage naturel comme ChatGPT, l’accélération et la renaissance de l’IA est dû à l’accumulation de données sans précédents dans l’histoire de l’humanité et aussi à la puissance de calcul sans cesse grandissante de nos « super-ordinateurs ».
Imaginée à la base par des mathématiciens fiers d’avoir modélisés le fonctionnement d’un neurone sous forme d’un algorithme, le mouvement est né dans la logique de modéliser par la suite un réseau de neurones, donc le fonctionnement du cerveau… donc l’intelligence – d’où le nom d’Intelligence artificielle. Ce choix de nom simpliste à l’époque a des conséquences psychologiques majeures sur nos sociétés aujourd’hui puisqu’elle génère de fait un biais de comparaison entre nous et l’IA : entre notre intelligence et « celle » de la machine.
Petit rappel avant tout de l’étymologie du mot “intelligence”, issu du latin “intellegere”, signifiant “comprendre, choisir entre” ou “discerner, percevoir entre”, l’intelligence est donc fondamentalement liée à la capacité de comprendre, de discerner et d’interpréter le monde qui nous entoure en « choisissant » de tisser des liens (propres à chacun) entre celui-ci et notre propre réalité… des facultés qui dépassent très largement les capacités actuelles de l’IA.

De plus et à l’instar de notre propre intelligence que l’on considère « multiples » depuis les travaux d’Howard Gardner dans les années 70, nous ne devrions pas parler d’une Intelligence Artificielle monolithique et omnisciente mais bel et bien d’intelligences artificielles au pluriel, chacune conçue pour répondre à un besoin précis régie par une série de programmes informatiques conçus pour résoudre une problématique spécifique. Elle n’a donc pas conscience d’elle-même, mais suit simplement des instructions programmées par des humains.
Maintenant que nous avons remis l’IA – ou devrais je dire les IA – en perspective, cet OUTIL technologique déjà à l’œuvre depuis des années dans notre quotidien sans nous en rendre compte (mail, GPS, réseaux sociaux, suggestions Netflix….) va entièrement révolutionner notre rapport au monde, aux autres, au travail… et nous ne sommes pas prêts, soyons honnête !
Mais comme toute révolution dans l’histoire, nous avons l’impérieuse nécessité de s’y adapter et donc d’en comprendre les mécanismes, les usages et les enjeux.
La vitesse incroyable à laquelle son utilisation se généralise dans tous les domaines, nous invite à cette adaptation nécessaire.
Par exemple, dans le domaine médical, l’IA est d’ores et déjà utilisée pour aider à diagnostiquer des maladies plus rapidement et de manière plus précise que les capacités humaines incapables de traiter autant de données en même temps. Cela dit, et encore plus de ce domaine précis, la place de l’être humain devient encore plus essentiel dans le suivi et l’accompagnement – grâce notamment à ses facultés d’empathie et d’intelligence émotionnelle – et remet en perspective l’usage raisonné mais au combien utile de l’outil. Cependant et quel que soit les domaines, ces avancées vont redéfinir la valeur que nous pourrons apporter dans nos missions professionnelles et personnelles tout en posant des questions éthiques, sociales et sociétales qui devront faire l’objet de débats nécessaires…et urgents.
L’IA a certes le potentiel exceptionnel de libérer les individus en améliorant nos performances, notre productivité et notre créativité mais elle peut aussi nous asservir et nous rendre esclave de son emprise inévitable sur notre société. De nouveau tout est une question d’USAGE et demandera l’instauration d’un cadre pour garantir qu’elle serve les intérêts de l’humanité et de la planète dans son ensemble.
Plutôt que de la craindre ou de l’encenser, il devient crucial d’investir rapidement dans l’éducation et la formation pour aider les individus à comprendre les implications de l’IA et à développer les compétences nécessaires pour interagir de manière constructive et raisonnée avec cette technologie. Prenons en exemple l’essor des deepfakes – contenus audiovisuels générés par l’IA – qui vient complexifier notre rapport à l’information (déjà très complexe par son volume et la diversité des canaux). Ils remettent drastiquement en question la véracité de ce que nous voyons et entendons, rongeant ainsi la confiance dans les médias en général et nous exposant à des fakenews utilisées à des fins de propagandes malveillantes.
Pour réduire le fossé entre la vitesse de déploiement de l’IA, sa compréhension et les dérives liées aux deepfakes, il est impératif que l’éducation joue son rôle « d’élever les consciences » et de remettre en son cœur la notion fondamentale d’esprit critique. Accompagner et enseigner dès le plus jeunes âges la capacité d’analyser de manière critique son rapport à l’information va devenir un des enjeux majeures de la prochaine décennie. D’autres enjeux tels que la transparence et la responsabilité dans le développement et l’utilisation de ces technologies vont nous permettre de mieux naviguer dans ce monde de plus en plus influencé par l’IA : d’un côté, maximiser ses avantages indéniables et de l’autre, atténuer ses risques potentiels.
En conclusion, préserver notre esprit critique et notre capacité à prendre des décisions éclairées, promouvoir un dialogue ouvert et inclusif sur les implications éthiques, sociales et politiques de l’IA sont les deux piliers nécessaires pour ne pas subir cette révolution à l’œuvre mais en prendre part avec enthousiasme et responsabilité.